Comme chaque année, arrivé la fin juin, on fait un petit 3000 avec Jacques, histoire de démarrer la saison rando montagne en beauté. Cette année ce sera le Pic de Lustou. Jacques arrivé plus tot que moi a déjà préparé la tente et le couchage sur le parking de Frédencon, pettie discussion rapide et bonne nuit, la journée du lendemain sera longue! Lever 5H, petit dej tranquille, le temps à l'air correct, la journée se présente bien. Tente repliée et hop, on démarre à 6:10. Remontée tranquille sur la route forestière d'abord au dessus du ruisseau du Rioumajou puis rive droite du ruisseau de Péguère. Arrivé au pont, la voie normale impose, avant de le passer, de descendre et traverser à gué le ruisseau de la Piarre. Fin juin, le ruisseau est souvent assez fourni et nous décidons de passer rive gauche par le pont pour trouver un gué pas trop profond et éviter d'avoir passer la journée les chaussettes humides... Dans un lacet à droite, nous remontons tout droit vers la forêt en direction de la Source de Goulirous pour nous rapprocher du ruisseau. Après une petite descente, nous abordons la rivière à un endroit où celle-ci se divise en deux, c'est en général propice à une traversée peu profonde. Après quelques hésitations, on trouve un passage pour nous retrouver sur un ilot. On louvoie encore pour trouver le meilleur endroit pour passer completement le ruisseau quand Jacques glisse... (0:40) il se relève grimaçant, il a très mal mais pense à une béquille. Il s'assoit sur une pierre pendant que je cherche le bon passage. Au bout de quelques minutes, visage grave, ses massages n'y font rien, il a très mal... Je persiste mais je sens bien que le moral est dans les chaussettes. Au bout de quinze minutes, on ne se dit rien mais je commence à construire un passage avec des cailloux pour rebrousser chemin dans les meilleures conditions. Au bout de trente minutes, il me dit qu'il ne peut pas marcher, il arrive à peine à se mettre debout mais ne peut pas avancer. Il ne pourra même pas faire le chemin de retour en marchant... Décision prise, je vais chercher des secours (1:15). Ca fait presque trente ans qu'on randonne ensemble et c'est notre première mésanventure.
Je m'assure qu'il a tout ce qui faut, son sac avec de l'eau, des victuailles, de quoi se couvrir et surtout le moral. Je connais Jacques, je sais qu'il peut rester seul au milieu de nulle part sur son île sans sombrer! Je pars donc d'un pas tranquille vers le parking de Frédancon, il faut éviter les sur-accidents dans la précipitation! et téléphonner aux secours. Arrivé à la voiture (1:45), je fais le 18. Persuadé de tomber sur un PC dans le coin, j'explique que j'appelle depuis Frédancon et que mon ami est en difficulté un peu plus haut. Surprise, la personne au bout du fil commence par me dire qu'elle a mon numéro de téléphone et qu'elle ne sait pas où est Frédancon... Pour le téléphone, je plaisante en disant que c'est pas le mien mais celui de Jacques... mais pour Frédancon, je suis étonné avant de comprendre que je suis en conversation avec quelqu'un en France et qu'il se charge de me rediriger vers le centre de secours le plus proche de là où je suis. Après lui avoir dit que c'était à coté de St Lary, il me dit de ne pas bouger et qu'on allait me rappeler. Quelques minutes plus tard, un appel du centre de secours de St Lary, on me prévient avant tout que mon n° de téléphone est enregistré et je dois expliqué ce qu'il se passe. Je raconte donc que mon ami est dans l'incapacité de marcher suite à gillsade dans le ruisseau. Préoccupation de mon interlocuteur, vous l'avez bien sorti de l'eau... Je le rassure vite! Ils doivent recevoir pas mal d'appels fantaisistes pour prévenir d'entrée que le n° de téléphone est enregistré et me poser des questions pareilles! Il me dit qu'un médecin va me rappeler très vite et raccroche, non sans m'avoir demandé de ne pas bouger de là où j'étais. Quelques minutes plus tard, appel d'un médecin qui me repose à nouveau les mêmes questions, je répète donc mon discours, mon ami ne peut plus marcher, est sur un ilot au milieu du ruisseau... même inquiétude, es-t-il hors de l'eau! Je le rassure quand même sur l'état physique, il peut se mettre debout et je ne pense pas que sa jambe soit cassée. Il me dit qu'on va me rappeler et raccroche. Nouvel appel, la personne précédente me prévient que c'est probablement les CRS de St Lary qui vont venir à notre secours et me demande de ne surtout pas bouger de là où je suis. Quelques minutes plus tard, les CRS de St Lary m'appellent à leur tour me demandant les mêmes info. Même discours, réponse, on arrive et surtout ne bougez pas de là où vous êtes!
Après environs trente minutes, un 4x4 arrive sur le parking et m'embarque pour remonter la piste forestière. Pendant le trajet cahotique, j'explique aux trois CRS ce qui s'est passé et l'endroit où il faudra s'arrêter pour rejoindre Jacques à pied. Le 4X4 est parqué au grand virage à droite et après avoir sorti les sacs contenants le brancard on se met en chemin dans la forêt. Après une dixaine de minute, on apperçoit Jacques en position de yoga sur son caillou, tranquille mais sans doute rassuré de nous voir arriver. Il ne peut toujours pas marcher. Après un petit interrogatoire rapide pour s'assurer de son état, les CRS déploient le brancard et installent et ligottent Jacques. A 4 pour passer le ruisseau puis à 2 pour le transport à bras, Jacques est ramené jusqu'au 4X4. Chargé à l'arrière on descend tranquillement jusqu'au parking de Frédancon. Je descend du 4X4 pour prendre ma voiture et direction le centre de secours de St Lary. Il est pris en charge par les pompiers qui l'amènent au centre Hospitalier de Lannemezan. Pendant ce temps, on réalise que tous les papiers de Jacques sont dans sa voiture à Frédancon... je repars donc chercher ses papiers... dans le stress, on se concentre sur l'essentiel mais la machinerie administrative à tot fait de nous rattraper!
Arrivé à l'hopital de Lannemezan, formalités administratives et brève attente (ils ont eu le temps de faire les radios et examens). Verdict: Fracture du fémur... merde alors! et il se tenait debout le Jacques!
La suite de la journée, en ce qui me concerne, ça a été un aller et retour à Bordeaux pour aller chercher Marie France, l'amie de Jacques, pour qu'il puissent être ensemble et aller chercher la voiture de Jacques restée sur le parking de Frédancon. Arrivé à 22:30 à Toulouse après une journée que je n'avais pas imaginé!
Voila le récit de notre première tentative au Pic de Lustou. Il faut reconnaitre que nous avons beaucoup de chance en France d'avoir des services publics d'une telle efficacité, disponibilité et je passe quelques qualificatifs! Pourvu que ça dure! Merci à tous ces anonymes, PC des centres de secours, CRS et pompiers de St Lary, hospitaliers de Lannemezan.
Pour la petite hisoire, à force de volonté et de ressources mentales, Jacques a passer un été à sa rééducation pour finir au sommet du Pic de Lustou seulement 3 mois après cette mésaventure!!! Chapeau bas! et encore, il se trouvait pas très en forme...
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